Finale de Tours au championnat du monde

Cliquez pour agrandir l'image dimanche 19 août 2012

Au mois de mai dernier, j'ai pu suivre, en direct sur internet, les parties rapides de départage du championnat du monde entre Vishy Anand et Boris Gelfand. Sur le site officiel, les commentaires en anglais étaient assurés par Dirk Jan ten Geuzendam, rédacteur en chef du magazine New in Chess, associé à un Grand-Maître de renom. Ce jour là, c'est Peter Svidler qui était à l'ouvrage. Comme souvent, les parties rapides ont été plus excitantes pour le spectateur que les parties à cadence classique au cours desquelles les protagonistes ont montré une excellente préparation et beaucoup de prudence.

Mon attention s'est portée sur la 3ème partie de départage, alors que Gelfand était mené au score. Anand a d'abord échappé à la défaite en milieu de jeu puis la partie a évolué vers  une finale très difficile à défendre. Avec beaucoup d'assurance et de rapidité, Anand a provoqué les échanges des dernières pièces mineures pour obtenir une finale de Tours avec deux pions de moins. J'avoue que la confiance, en tout cas apparente, du champion du monde m'a laissé perplexe et admiratif. Svidler m'a semblé lui aussi dubitatif, n'ayant pas une évaluation claire de la position à proposer à chaud.

L'évaluation d'Anand était tout à fait juste. La position est nulle grâce à la position active de la Tour noire et surtout du Roi noir qui limite l'action de son homologue. Nous allons voir que le jeu concret sur l'échiquier n'a pas été de la même qualité. Les erreurs, parfois grossières à ce niveau, s'expliquent évidemment par la cadence de jeu rapide, la fatigue et l'extrême tension due à l'importance de l'enjeu. Les meilleurs ont eux aussi le droit de se tromper.



L'interview de Vishy Anand publiée dans New in Chess (2012/4) relate l'épisode de cette partie : "(...) je peux faire nul, mais j'ai raté quelque chose et soudainement j'ai été pris de doute sur la façon de garder ces deux pions sous contrôle, un en c6 et l'autre en h3. Le plus beau, c'est que j'avais vraiment regardé ce type de finale avant le match. Chaque jour, j'ai regardé quelques finales de Tours et je me souviens que je pouvais atteindre une position de Vancura. J'étais optimiste lorsque son Roi était coupé pour obtenir ce type de position. Ce que, en fait, je n'ai pas obtenu. J'aurais pu simplement abandonner."

Un petit rappel sur la position de Vancura est sans doute nécessaire pour les mauvais élèves qui n'auraient pas révisés les finales de Tours aussi consciencieusement que le champion du monde :



Cette méthode de défense qui n'a été découverte qu'au début du 20ème siècle (étude publiée en 1924) est souvent oubliée en partie réelle, même par de très forts joueurs.

Ce billet est illustré par une photographie de Vishy Anand issue de Wikipedia.
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