Triomphe de Motylev, déroute de Elo

Cliquez pour agrandir l'image jeudi 27 mars 2014

Le championnat d'Europe individuel est un open d'un niveau exceptionnel. Il regroupe une multitude de Grands-Maîtres et de joueurs titrés alléchés par la possibilité d'une qualification en coupe du monde, par des prix élevés (20 000 euros au vainqueur pour 160 000 euros distribués) ou par la possibilité de réaliser des normes. Cette année, ce championnat qui s'est déroulé à Erevan (Arménie) n'a pas dérogé à la règle puisque sur les 259 participants, on pouvait dénombrer 123 Grands-Maîtres. Le 245ème joueur sur la liste possédait le classement respectable de 2000 points Elo. Le français Etienne Bacrot, installé parmi les 20 meilleurs joueurs mondiaux, était le mieux classé mais il devait partager le rôle de favori avec 15 super Grands-Maîtres (+2700).

Le russe Alexander Motylev a réalisé un véritable exploit en gagnant ce difficile tournoi sur le score impressionnant de 9 points sur 11 possibles (7 victoires et 4 nulles). Avec un classement Elo relativement modeste de 2656, il réalise une performance à 2872. Mais il n'est pas le seul a avoir réalisé une performance étonnante. Son dauphin est le jeune espagnol de 19 ans David Anton Guijarro (2559). Classé 99ème sur la ligne de départ, il est l'auteur d'une performance à 2775. Si l'on en croit le site chessbase, ce joueur aurait gagné 148 points en seulement neuf mois. Le podium est complété par un autre joueur de 19 ans, le russe Vladimir Fedoseev avec une excellente performance à 2790.

Trois jeunes joueurs arméniens se sont illustrés en réalisant des performances ébouriffantes compte tenu de leur classement. Il s'agit de Shant Sargsyan (11 ans, 2027) qui réalise une performance à 2411 et une norme de Maître International, Haik Martirosyan (13 ans, 2234) auteur d'une performance non moins remarquable à 2519 et une norme de GMI, Norayr Torosyan (17 ans, 2216) qui, avec une performance à 2480, réalise une norme de Maître International.

Parmi les pires contre-performances, nous pouvons citer les résultats décevants des Grands-Maîtres Vladislav Nevednichy et Dmitry Svetushkin, coupables de performances inférieures de près de 300 points à leur classement du moment.

Vous vous demandez sans doute ou je veux en venir. Chaque tournoi n'a-t'il pas son lot de performances inattendues ?

Au préalable, il est utile de rappeler que le classement Elo ambitionne de mesurer la force d'un joueur. Il se vante de prédire le score le plus probable d'un match entre deux joueurs qui ne se seraient encore jamais rencontrés.

Or, tous les joueurs cités dans ce billet ont fait mentir l'astucieux classement créé par ce cher Arpad Elo. S'il parait concevable qu'une marge d'erreur puisse être attaché à cet indicateur, il n'est pas acceptable d'observer des écarts de performance de 300, voire de 400 points par rapport au classement du joueur au moment ou il débute le tournoi. De tels écarts révèlent une déconnexion totale entre le classement et le niveau réel du joueur. Ainsi, le très prometteur Shant Sargsyan (2027), jouant contre lui-même crédité de sa performance à 2411, ne marquerait qu'un seul point au cours d'un match en dix parties. Vous serez sans doute d'accord avec moi : c'est absurde !

Oublions la dictature d'un classement qui, faute de mieux, n'est malheureusement prédictif que sur un plan statistique (c'est à dire lorsqu'il est appliqué à une grande population de joueurs et à un grand nombre de parties) pour nous concentrer sur ce qui fait la beauté de ce jeu : la partie d'échecs.

La photographie de Alexander Motylev, héros de ce championnat, est extraite de la galerie du site officiel.

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