Un renouvellement incertain

jeudi 3 janvier 2019 

La publication du classement Elo de la Fédération internationale des échecs en ce début d'année 2019 me donne l'occasion d'examiner la position de la France dans le concert des nations.  Notre pays est actuellement à la septième place mondiale si l'on considère le classement des dix meilleurs joueurs. Occupant la quatrième place en 2016, nous sommes largement distancés par les grands pays dominateurs que sont la Russie, la Chine et les USA, mais désormais dépassés par l'Azerbaïdjan, l'Ukraine et l'Inde, et talonnés par l'Arménie et la Hongrie. Cette rétrogradation est due à l'érosion du classement de certains joueurs phares (Maxime Vachier-Lagrave, Etienne Bacrot et Laurent Fressinet), à l'inactivité de Vladislav Tkachiev et au  manque de renouvellement de notre élite malgré les progressions de Yannick Gozzoli, Jules Moussard et Maxime Lagarde.

Je me suis donc intéressé de plus près au classement des meilleurs juniors mondiaux pour tenter de détecter l'émergence de nouveaux talents.

Sur les 101 meilleurs juniors, nous pouvons compter onze Russes et Indiens, huit Chinois et Etats-uniens, six Iraniens, cinq Uzbeks, quatre Allemands et Italiens, trois Ukrainiens, Cubains, Arméniens, Roumains et Serbes, etc ... et aucun Français. La septième nation mondiale ne compte donc aucun représentant parmi les 101 meilleurs juniors de la planète.

Ce constat confirme les prestations en demi-teinte des jeunes français dans les grandes compétitions internationales et n'augure pas des heures très florissantes pour l'élite des échecs dans notre pays.

Pourtant, l'enseignement des échecs est présent dans beaucoup d'établissements scolaires avec un certain soutien de l'Etat comme en témoigne le message adressé par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, aux 1600 participants au championnat de France d'échecs des jeunes en 2018 : "Je suis comme vous un grand amateur du jeu d'échecs, je pense que cela donne bien des bienfaits dans la vie, c'est pourquoi qu'en tant que ministre de l'Éducation, de la jeunesse et de la vie associative, j'encourage le jeu d'échecs partout, y compris à l'école, car nous connaissons tous ses vertus, ce sont les vertus que vous allez expérimenter lors de ces championnats : le sens de la stratégie, de la concentration, le respect de l'adversaire, à la fois des compétences intellectuelles et des valeurs". La vidéo de cette intervention est accessible sur youtube.

Cette action d'initiation qui s'adresse au plus grand nombre est évidemment louable mais ne semble pas produire un effet significatif sur le renouvellement de notre élite.

Plusieurs causes peuvent expliquer ce phénomène :
  • Les jeunes français s'éparpillent plus que d'autres dans de multiples activités sans se spécialiser, condition indispensable à l'atteinte du haut niveau dans une discipline.
  • La carrière de joueur d'échecs n'est pas suffisamment attractive et demeure trop aléatoire dans notre pays qui offre d'autres possibilités plus stables de se réaliser professionnellement.
  • Notre sport est insuffisamment médiatisé pour créer des vocations parmi les jeunes.
  • Les échecs sont directement concurrencés par d'autres disciplines comme les jeux vidéos qui voient l'émergence de compétitions professionnelles.

Les causes sont certainement multiples mais la fédération française devra tenter de résoudre cette question pour maintenir la France au plus haut niveau de la hiérarchie mondiale.

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